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ARCHIVES - VieArtificielle.com
INTERVIEW DE René-Louis BARON

15.06.2006 Auteur : Christian

RLB bonjour, pouvez vous vous présenter en quelques lignes?

Bonjour...
René-Louis BARON, né par un jour de neige de parents dauphinois
et père de petits robot-compositeurs dont le plus grand pèse 500Ko et le plus petit 35Ko seulement.
Les robots ne parlent pas encore mais comprennent tous les langages informatiques.
Pour le moment, grands et petits ont appris à composer une infinité de mélodies cohérentes
(plusieurs milliards) qu'ils harmonisent et orchestrent sans aucune aide extérieure..

Parlez-nous de votre projet de génération de musique automatique.

Au début des années 80, comme la plupart des musiciens j'ai utilisé les premiers micro-ordinateurs
CX5M Yamaha puis ATARI pour enregistrer mes compositions de chansons et de musiques de films.
La puissance de travail d'un ordinateur me fascine toujours... Cette puissance me fait penser à un bulldozer soulevant, allègrement et toutes les deux minutes, plusieurs tonnes de terre !
J'utilisais principalement Cubase pour enregistrer le jeu de mes musiques et très souvent j'aurais souhaité
des fonctions supplémentaires à ce logiciel...
Il fallait donc s'initier à la PROGRAMMATION, inculquer à ma "matière grise et vieillissante",
la sémantique anglo-barbare des IF, THEN, RND, SELECT,CASE, DO, LOOP, TIMER, FOR-TO,...
Et j'en saute !... Puis au langage midi (protocole midi) où là... tenez-vous bien... on ne parle qu'avec des nombres !
Heureusement tous les synthés et samplers, hard ou soft comprennent le langage midi.
Grâce au "professeur" GFAbasic, je me suis attaché principalement au code, le but étant non pas d'obtenir une interface-utilisateur pailletée qui bouge dans tous les sens, mais d'obtenir simplement des musiques populaires.
Très vite, j'ai eu envie de comparer mes propres talents relatifs de compositeur avec ceux de mon logiciel en chantier.
Le hobby est devenu PROJET lorsque la machine a enfin produit des musiques "cohérentes",
but que je m'étais fixé au départ. Comprendre "musiques cohérente" par opposition à "musiques de recherche" (Exemple : IRCAM) .
Aujourd'hui, Les mélodies générées sont toujours très différentes les unes des autres. L'orchestration, quel que soit le style de musique, est asservie aux structures rythmiques et harmoniques de chaque mélodie générée.

Ou est la place de l'humain dans ce programme?

La place de l'humain ?... L'humain fainéant ? ... : Seulement devant ses enceintes un pastis à la main ! Pour l' autre, musicien ou non, une interface lui permet d'asservir le robot à ses exigences.


Il peut opter pour un style harmonique général : blues, espagnol, successions de quintes, anatoles, modal, "classique", jazz, oriental, etc.
L'utilisateur peut choisir la densité des accords, de la mélodie, la mesure, la cadence rythmique, la structure du morceau (Intro, couplet, refrain ou 1er, 2ème et 3ème mouvement.... ), Etc...
...
... Mais sa plus grande participation (s'il le désire) se situe pendant l'écoute de la composition.
L'utilisateur peut alors, en toute cohérence, métamorphoser en temps réel, la composition.
Il a directement accès à des centaines de paramètres musicaux par l'interface-utilisateur.
Nous appelons cette nouvelle technique le "MUSICAL MORPHING"
Ex. :
- Changer la signature rythmique (ex.: 4/4 ou 3/4, etc.)
- Changer de mode harmonique : majeur/mineur
- Choisir un autre style harmonique général (Jazzy majeur ou mineur, blues, classique, modal, etc.)
- Ajouter une deuxième, une troisième voix à la mélodie principale
- Ajouter un ou plusieurs chants en contrepoint
- Changer la densité des notes de chaque partie de l'orchestre
- Restructuration rythmique des temps : binaire (ex.:Dance) ou ternaire (ex.:Jazz Sha-Bada)
- Etc.
Et plus banalement : le tempo, l'armure, les sons et leur propre mixage (volume, effets, tune, etc.)

L'utilisateur peut ainsi créer SA propre "Ambiance" et la sauvegarder. Ceci est très utile pour générer une musique de film avec toutes ses variations :
1/ L'utilisateur choisit rapidement une mélodie générée par le robot (en 1/200e de seconde).
2/ Il "habille" cette mélodie avec différentes Ambiances musicale en rapport avec ses séquences vidéo.
Exemple :
Ambiance n°1 : Les enfants barbotent dans le lac de Champeau, Ambiance n°2 : La visite du musée de Mours St Eusèbe, Ambiance n°3 : Repas gastronomique au MacDo’ ), etc.
Grosse cerise sur le gâteau :
La durée de chaque séquence musicale prend automatiquement la durée de la séquence vidéo concernée avec un "début" et une "fin" cohérentes musicalement parlant c'est à dire sans fondus enchaînés ou coupures monstrueuses dans la musique!)

D'où vous est venue cette idée?

L'idée d'essayer de réaliser un robot compositeur a jailli d'une compétition presque sportive entre la machine et moi.
Le jour où mon ego de compositeur avait enflé atrocement suite à l'écoute jouissive de ma dernière composition (L'artiste "non maso" adore généralement sa dernière oeuvre).
Et comme pour soigner ma stupide mégalomanie, je me suis dit qu'il fallait essayer de voir si un ordinateur ne pouvait pas composer aussi bien voire même bien mieux que Moi ?!

Avez vous des débouchés pour ce nouveau programme?

La société MEDAL est actuellement propriétaire des brevets mondiaux de mon invention. Elle a déjà concédé des licences d'exploitation de sonneries de téléphone à THOMSON multimedia (U.S.A./FRANCE), NEC Do-Co-Mo (Japon), DIGIPLUG (France).
Actuellement, la société recherche des partenaires financiers (actionnaires) pour développer de nouvelles applications.

J'ai cru comprendre que vous n'avez pas déposé à la SACEM, est-ce toujours le cas? Et pourquoi?

Il faut d'abord préciser que n'étant pas de la race des Bill Gate, je ne veux pas monopoliser la musique du monde.
Mais imaginons ce scénario :
- Un réveil-matin joue une musique MEDAL différente chaque jour.
- Son propriétaire DUPOND, dépose à son nom et chaque jour la musique MEDAL entendue.
- DUPOND attaque ensuite la société REVEIL-MATIN... Motif :
- La société REVEIL-MATIN se retourne alors contre la société MEDAL
- La Société MEDAL se retourne contre le premier maillon de la chaîne : l'inventeur
Et imaginons toujours plus fort :
- Qu'il existe des centaines voir des milliers de DUPONT aussi mal intentionnés...
Voilà la raison qui m'oblige à PROTEGER les oeuvres générés par les logiciels MEDAL.

Je suis membre définitif de la S.A.C.E.M. depuis près de vingt ans. Le jour du dépôt de ma demande de brevet français à l'I.N.P.I. (sept.98), j'ai demandé un rendez-vous pour savoir que faire tout en confiant un enregistrement d’œuvres créées par le premier logiciel MEDAL Six mois plus tard, lors d'une réunion avec entre autres le responsable du service juridique de la S.A.C.E.M. j'apprenais qu'il était impossible de déposer plusieurs milliards de musiques (trou juridique...) ... Ce qui est normal... Imaginez une rangée de semi-remorques gavés de partitions et stationnant pendant des années devant l'immeuble de la S.A.C.E.M....
Il me fallait donc trouver une autre astuce pour protéger les oeuvres d'un programme :
Un procédé très simple permit d'identifier numériquement chaque oeuvre d'un logiciel Medal.
Ainsi, par exemple, le titre numéro 1.264.533 correspond à une seule et même musique, ce qui veut dire que pour sauvegarder l’œuvre vous sauvez uniquement ce nombre de 7 chiffres.
Le programme prend alors une casquette supplémentaire : Une banque de données musicales.
Les oeuvres numériques ainsi que les programmes MEDAL ont donc été confiées à l'A.P.P. (Agence de Protection des Programmes PARIS/GENEVE).

Quels sont vos projets futurs?


Medaliser et encore medaliser...
C'est une drogue !

René-Louis Baron merci au nom de la communauté de VA

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